mardi 22 février 2011

Demi marathon hypothermique


19 février 2011. Je fais partie des 850 coureurs et marcheurs inscrits, mais que 678 ont eu le courage de braver le froid, le vent, la glace, l’eau et les quelques flocons tombés en mi course.

Ça fait deux ans que je veux faire cette course. L’an passé, lorsque j’ai voulu m’inscrire, il était trop tard, les quelques places disponibles s’envolant rapidement. Je me suis donc prise de bonne heure pour l'inscription de cette année. L’an passé, j’étais plus que prête pour faire cette course. Je m'étais entraînée, j'avais couru tout l'hiver un minimum de trois sorties par semaine, ce qui est très convenable pour cette saison. Ironiquement, cette année, je n'ai pratiquement pas couru. Mais comme mon partenaire de course, celui avec qui je cours une fois de temps en temps, mais surtout celui avec lequel je m'inscris à toutes ces courses, s'attendait à ce que je cours, je n'avais pas trop le choix. Si ça n'avait été de lui, j'aurais déclaré forfait, et ce, très tôt en début d'année.

Nous sommes donc arrivés, mon partenaire de course, J et moi, vers 7 h 30-7 h 40 sur les lieux. Première réaction de mes acolytes et de moi même… il vente en siouplait! Surtout sur l’Île Sainte Hélène, longeant le fleuve. Cinq minutes de marche vers le complexe aquatique et nous étions déjà gelés. Pas de temps à perdre, nous devons retrouver A, qui a le dossard de J, récupérer les puces (je déteste lorsque les puces ne sont remises que le matin de la course. Il y a tellement à faire un matin de course que cette corvée devient rapidement éreintante. Heureusement, ce matin là, tout se fait rapidement), trouver les vestiaires, trouver un casier, se changer et retrouver les autres. Le gros dilemme pour moi ce matin là fut mes crampons. Est-ce que je les mets ou pas? Comment est le trajet? Glace, eau, neige, asphalte? Je décide de les mettre en me disant que si je ne suis pas à l'aise, je n'aurai qu'à les enlever et les attacher quelque part sur moi grâce à leur velcro. Je n'aime pas courir sur l'asphalte ni sur la glace mince avec mes crampons, alors j'espère que ce ne sera pas une de ces surfaces là. Cinq minutes avant le départ, nous entendons les responsables de la course suggérer fortement l’usage des crampons. 

Nous parlons, rions, faisons connaissance, racontons nos exploits depuis la dernière fois que nous nous sommes vus. Il y en a certains que je n'ai pas revus depuis la course Facebookienne. D'autres que j'ai revus quelques fois. Je vois J revenir et me dire que finalement, elle ne mettra pas ses crampons (elle s’est blessée en raison de ses crampons la semaine précédente, alors elle ne prend pas de chance). Je change d’idée également et enlève mes crampons que je vais serrer dans mon casier avant le grand départ.

C’est le temps pour les coureurs (les marcheurs étant partis 15 minutes avant nous) de prendre place sur la ligne de départ. Jusque là, nous étions tous bien au chaud, à l'abri du vent dans le complexe aquatique. Nous suivons la masse de coureurs. Ju, qui est le plus rapide du groupe, nous laisse en plan quelques minutes avant le grand départ pour prendre place à l’avant (personne n'ose le dire, mais nous lui en voulons tous d'être si rapide, tout en étant contents pour lui). Je suis heureuse d’être là et de vivre la frénésie d’un autre départ. Nous avons froid, nous avons hâte de partir, mais ce moment qu’on vit chaque fois que nous nous retrouvons sur une ligne de départ n'a pas de prix. C'est indescriptible, il faut absolument le vivre pour comprendre. Des cris commencent à se faire entendre, ce qui annonce un départ imminent. L'enthousiasme des coureurs augmente avec les cris de la foule. À ce stade-ci, je ne me souviens plus si j'ai entendu le signal du départ. Tout ce que je sais est que la course est clairement commencée parce que la masse que nous sommes s'engage vers le parcours. C'est un départ!

Je sais que j’ai 3 boucles de 7 km à courir. Lorsque je commence à courir, je me dis que le premier tour en sera un de reconnaissance. Comme personne n'était en mesure de nous dire l'état du parcours, il vaut mieux y aller modérément. Je me rends vite compte qu'il y a à peu près de tout sur le parcours. Des bouts asphaltés, de la glace (épaisse comme mince), des bouts enneigés et même certains bouts mouillés malgré le froid sibérien. Et le vent… ce vent qui nous fouette le visage dépendamment de notre direction, est à glacer le sang! Il y a même eu, à un certain moment lors de la deuxième boucle, de la neige mêlée à des rafales de face le long du fleuve. Tous les coureurs, à ce moment précis, étaient très concentrés. Lorsque j’ai commencé la deuxième boucle, comme je connaissais le parcours, je me suis dit que ça allait bien, que je ferais un autre tour à vitesse modérée et que si tout allait bien pour la troisième boucle, je pousserais un peu plus. Ce que j’ai fait... avec brio! J'ai réussi à faire des « negative splits » pour mes trois boucles et j'en suis très fière parce que je ne pensais pas que j'étais assez en forme pour pouvoir maintenir le rythme dans la dernière boucle.

Ce que j’aime beaucoup en course est lorsque, vers la fin, je dépasse tous les coureurs qui m’ont dépassée en début de course parce qu’ils ont trop poussé. C'est une erreur que tous les coureurs font en début de carrière et même, lorsqu'on a plus d'expérience. À mon avis, c'est une des choses les plus difficiles à faire en course, réussir à la gérer. Et quand je réussis ça, je sais que j'ai réussi ma course, sans égard à mon temps.

Je suis arrivée à 2 heures, 5 minutes et 43 secondes, soit à 7 secondes de mon record personnel, établi au printemps dernier par suite d’un entraînement du tonnerre! Je ne sais pas encore comment j’ai fait, mais cette course tombe à pic dans mes réflexions. Courir sans pression, sans stress, sans objectif de temps. Voilà ce que j’ai fait, et voilà ce que je dois continuer de faire.

J’ai adoré cette course. Je ne peux même pas dire qu'il y a eu des bouts difficiles parce que j'ai réussi à bien contrôler tout ce qui arrivait et j'en suis très fière, plus fière que de la course elle-même. J'ai arrêté trois fois quelques secondes, le temps de boire un peu de Gatorade et j'ai pris mes jujubes de « carbs » à peu près toutes les 20 minutes en courant. Le seul problème que j’ai eu est la douleur dans mes yeux. J’avais oublié mes lunettes de course et comme il ventait énormément, surtout à certains endroits, et qu’il faisait vraiment froid, à 2 km de la fin, j’avais de la difficulté à bien voir. Un oubli qui ne se fera plus oublier! Mais ça ne m'a pas empêchée de pousser!

Gang de coureurs, ce fut un plaisir de courir de nouveau avec vous tous, même si vous étiez tous en avant! Je vous adore et j'ai très hâte d'avoir le plaisir de courir de nouveau avec vous.

RG

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