vendredi 1 octobre 2010

LE Marathon

Avec beaucoup de retard, voici le blogue sur LE marathon.

Toute une expérience ce marathon. Jusqu’à la veille du grand départ, j’étais un peu craintive quant à la suite des choses, voire la course elle-même. Avec la blessure et les canicules que nous avons connues durant le mois de juillet, ce qui engendra un ralentissement dans l'entraînement, j'étais quelque peu effrayée pour le grand jour. La plus longue sortie que j’avais réussi à faire avant la blessure était de 30 km, 3 heures. J'étais consciente quand même qu'un marathon comprenait 12 km de plus, ce qui n'est pas négligeable.

Étonnamment, j’ai très bien dormi la veille. Comme un bébé, à poings… ouverts! Je ne crois pas avoir dormi profondément, mais je ne me suis pas réveillée une seule fois. Je crois avoir été semi-consciente toute la nuit, mais c’était assez pour être reposant et requinquant comme on dit!

Le matin de la course, mon cadran a sonné à 5h15. Je voulais être réveillée depuis un bon 2 heures avant de partir en direction de la ligne de départ. J’avais préparé tout ce dont j’avais besoin la veille et avais tout rassemblé sur la table de la cuisine (mon équipement, mes bouteilles d’eau et d'électrolytes, mes gels, mon dossard, etc.), je n’ai donc pas eu à m’inquiéter de cette partie à la dernière minute. J’ai même commandé mon taxi la veille avant de me mettre au lit.

Lorsque mon cadran a sonné, je me suis habillée, ai mis en place mon dossard sur mon maillot, sorti mes bouteilles du congélateur (je mets toujours mes bouteilles dans le congélateur la veille d’une course ou d’une longue sortie. Le liquide dégèle au fur et à mesure et ça me permet d'avoir toujours un liquide froid plutôt que chaud... pas très agréable lorsque la soif se fait sentir), attaché mes running shoes , déjeuné et… tourné en rond en essayant de garder ma fréquence cardiaque aussi basse que possible... pas évident!

Puis 7 h arriva en même temps que mon carrosse. Comme il faisait très froid et que c’était très venteux, j’ai décidé de mettre une vieille veste noire et de la jeter quelques minutes avant le départ. Et je suis partie! Je dois avouer que j’étais très fébrile dans le taxi qui m'amenait sur le pont. Une bonne fébrilité… enfin, le moment que j’attendais depuis des années et pour lequel je m’entraînais depuis maintenant un an et demi était enfin arrivé et j'étais en route pour cette grande aventure! Le taxi me déposa au pied du pont Jacques Cartier. Il ne me restait plus qu'à gravir les escaliers et j'y étais.

Arrivée sur le pont… pas âme qui vive... qu'une patrouille de police qui empêchait de passer. Si ça n'avait pas été de ça, je pense que je me serais sérieusement demandé quel jour nous étions. Rien, à part cette auto-patrouille, ne laissait deviner qu'un grand évènement devait avoir lieu dans l’heure suivante. J'ai commencé à marcher en direction de Montréal, vers la ligne de départ, celle que j'avais déjà franchie l'an dernier pour le demi-marathon. La première côte passée, j'ai commencé à voir des gens qui s'affairaient et travaillaient très fort pour faire en sorte que l'endroit soit accueillant pour les coureurs, qui brillaient toujours par leur absence. Arrivée à la hauteur de la sortie de l’Île Sainte-Hélène, je me suis approchée d'une auto-patrouille pour demander si je pouvais aller sur le pont... jusque-là, j'étais restée bien sagement sur le passage pour piétons du pont. La policière, très gentille, m'a assuré que je pouvais y aller en ajoutant un « bonne course » au-dessus mon épaule. J'ai donc commencé à marcher en direction inverse. En marchant, un camion transportant des soldats est passé à mes côtés et j’ai entendu « bonne course mademoiselle ». J’aime tellement ça être une coureuse!!

Après un certain temps, d'autres coureurs sont arrivés sur le pont, la musique s'est mise à hurler dans les haut-parleurs et l’ambiance se transformait tranquillement en une ambiance de course. On pouvait sentir la fébrilité qui émanait de tous les coureurs, moi la première. C’est difficile d'expliquer cette excitation avant une course. On s’entraîne tellement pour une course, pour une seule course, que lorsque le moment arrive, il n’y a plus que ça... ce moment présent, et tout ce qu'il nous reste à faire est de courir, de faire de notre mieux, bref, ça passe ou ça casse, parce qu'on ne sait jamais ce qui va arriver. La plupart du temps, et heureusement, le corps veut bien donner tout ce qu'il a et tout ce qu’on lui demande, mais parfois, il nous fait clairement comprendre que ce ne sera pas une de ces journées faciles. Ça arrive en entraînement, ça arrive aussi en course. Toutes les fois que j’ai participé à une course, du 5 km au marathon, toute la pression que je mets sur mes épaules durant les entraînements disparaît comme par magie. À chacun des départs, je réalise que je ne peux plus rien faire pour cette course. Ç’a été la même chose le matin du Marathon Oasis. Je ne pouvais plus rien changer. J'avais fait un bon entraînement, moins que ce que j'aurais voulu faire, mais quand même bon et je ne pouvais que faire confiance en mes capacités.

Sur la ligne de départ, j’ai pris la décision de suivre le lapin de 4 :15. Premièrement, quand j’ai vu le lapin, Claude de son prénom, il avait l'air sympathique. Puis, en allant lui parler, il m’a expliqué sa stratégie de course, qui consistait à courir à une vitesse constante tout le long du parcours. Ce qui était un peu plus lent que ma vitesse naturelle normale. Je me suis dit à ce moment-là que c’était probablement la meilleure stratégie que je pouvais adopter étant donné que je n'avais encore jamais couru cette distance, que c'était mon premier marathon et qu’en suivant un lapin, je ne courais pas seule.

En attente du départ, je me suis mise à parler à 2 coureuses, Isabelle et Huguette. Isabelle en était à son troisième marathon et voulait vraiment essayer de briser la barre du 4 :15. Son premier marathon avait été un mini désastre et le deuxième, moins pire, mais elle sentait qu’il y avait amélioration possible. Huguette, quant à elle, en était à son deuxième marathon. Elle avait fait le marathon de Niagara Falls et voulait faire au moins une fois celui de Montréal. Huguette était un peu plus sceptique quant à ses chances de faire 4 :15 pour ce marathon. Si elle réussissait à faire ce temps, elle se qualifiait pour Boston! Je vous redonne des nouvelles de mes deux partenaires de course à la fin du blogue.

Quand le signal fut donné, ça a pris quelques minutes avant de pouvoir franchir la ligne de départ. Nous avons marché pendant quelques mètres, le temps que tous les coureurs se dispersent et prennent leur vitesse de croisière. Nous étions quand même une bonne gang dans le groupe du 4:15 et ça nous a permis, malgré le vent, de garder une vitesse quand même assez constante sans effort supplémentaire. Surtout le long du canal Lachine, là où les vents nous auraient fouetté le visage et nous auraient vraisemblablement ralentis si nous ne nous étions serrés entre nous. La première moitié de la course, nous avons parlé, raconté des tranches de vie et notre expérience de course. J'avais déjà eu un contact avec certains membres du groupe grâce à la page FB du marathon de Montréal. Claude, notre lapin, nous demandait une fois de temps en temps si tout allait bien et si nous en avions perdu quelques-uns. Jusqu’à ce que la moitié de la distance soit courue, les réponses étaient très énergiques, venant des tripes. Une fois le demi-marathon passé, on sentait que l’énergie commençait à descendre, les réponses se faisant moins fortes, certaines devenues même muettes. La concentration était palpable à ce stade. Pour ma part, tout allait encore bien. Je réussissais à garder le rythme sans trop d’effort.

Puis, vint la côte Berri. Isabelle m’avait parlé un peu de cette côte, où j’avais pourtant couru lors du demi-marathon de l’année précédente, et elle semblait dire que c'était le pire bout de tout le parcours. J'avais beau chercher dans ma tête un effort physique que j'aurais fait l'année d'avant et ça ne me venait pas. Isabelle, voyant Berri arriver, me dit de continuer et qu'elle allait venir me rejoindre en haut. Elle m'a dit qu'étant donné que c'est ce qui l'avait épuisée lors du dernier marathon, elle allait monter cette côte en marchant et en prenant le temps de bien s'hydrater, tout en m'informant que les prochains km seraient de faux-plats. À ce moment, bien qu'aucune fatigue ne se soit encore déclarée de mon côté, j'ai pris la décision de m'arrêter avec elle et de faire une pause. Nous étions au km 28. Je crois que ç’a été ma première erreur. Je suis bonne dans les montées, je n’aurais jamais dû m'arrêter là. Je crois que c’est à partir de ce moment que l'acide lactique a commencé à descendre dans mes jambes et lorsque ça commence, c’est très difficile de retrouver le même rythme parce que les jambes deviennent beaucoup plus lourdes et donc, il faut beaucoup plus d’énergie pour faire le même mouvement. Nous avons essayé tant bien que mal de rattraper le groupe, mais en vain. Il fallait augmenter notre vitesse considérablement et de plus, nous courions sur de faux-plats. Deuxième erreur, nous avons dépensé beaucoup d’énergie dans cette partie du parcours.

Par la suite, Isabelle et moi nous sommes encouragées du mieux qu’on pouvait. Vers le km 32, une partie de la famille d'Isabelle l'attendait pour l'encourager. Nous avons couru quelques mètres avec sa fille de 8 ans. Cette rencontre a énormément encouragé Isabelle. Elle a réussi à retrouver un peu d’énergie et sa motivation est revenue. Elle a essayé tant bien que mal de m'en donner une partie, mais je manquais considérablement de jus à ce moment-là. On y allait avec des petits objectifs, exemple on court jusqu'à la prochaine station ou bien jusqu'au prochain km. À un certain moment, nous nous sommes arrêtées afin d'étirer les muscles de nos jambes. Puis, au km 36, nous étions censées arrêter à la station, mais Isabelle se sentant d'attaque m’annonçât qu’on pouvait continuer… je ne pouvais absolument pas. C’était comme donner un suçon à un enfant et le reprendre lorsqu'il est sur le point de le porter à sa bouche. Je lui ai dit de continuer, que je prendrais le temps de m'hydrater et de prendre un peu de glucides. J’ai donc couru seule à partir du km 36.
À partir de ce moment, j’ai beaucoup alterné entre la course et la marche. J’essayais de pousser mon corps tout en l’écoutant, parce que j'étais consciente qu'il me restait encore 6 km à faire. Puis, un peu avant d'arriver à Pie IX, j'ai réalisé que j'avais moins mal en courant en raison de la pression continue mise sur les jambes lorsque l’on marche. Puis les gens… que dire des gens qui viennent encourager les coureurs! Sans eux, les courses seraient définitivement plus difficiles à terminer. Ça m’a donné le dernier coup de pouce dont j'avais besoin pour terminer.

J’ai terminé en 4 heures, 36 minutes et 24 secondes. Ce n'est vraiment, mais vraiment pas le temps que je voulais faire (je m'entraînais pour briser la barre du 4 heures), mais je n'ai pas les mots pour dire à quel point je suis fière d'avoir terminé! Et cette fierté vient du fait que j'ai justement eu des moments difficiles. J’ai réalisé après cette course que je suis beaucoup plus fière des courses qui m’ont pris plus temps que prévu parce que j’ai donné plus et que j'ai dû trouver la force, physique et mentale, pour les terminer.

En arrivant à l’entrée du Stade, ma fille, ma mère ainsi que ma sœur jumelle avec sa petite famille étaient tous là à m’attendre. Je ne sais pas combien de temps ils ont attendu, mais je leur serai éternellement reconnaissante d’avoir été là... terminer un marathon sans personne qui nous attend à la ligne d'arrivée... je n'ose imaginer le grand vide qu'on doit ressentir. Il ne manquait qu’Amoureux, quelque part en Amérique du Nord.

Pour ce qui est de mes partenaires, Isabelle a réussi à briser la barre du 4 :30. Elle a fait, je crois, 4 : 26 et Huguette a terminé quelques minutes après elle et quelques minutes avant moi. J’ai eu la chance de les revoir toutes les deux après le marathon, malgré la foule dense! Mesdames, ce fut un honneur de courir en votre compagnie. En espérant vous revoir lors d’une course future!

F, jumelle et maman, je vous adore et ne vous remercierai jamais assez d’avoir été là!

P.-S. Félicitations à ma Papout qui a terminé avec brio son deuxième P’tit marathon.

P.P.S. Un gros BRAVO à jumelle pour avoir terminé sa première course à vie! À quand une course avec ta jumelle?

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