dimanche 16 mai 2010

Demi-marathon Maski-Courons août 2009

Cette course a été pour moi un vrai calvaire. La journée avait pourtant bien commencé. C'était une journée très humide, le genre de journée qui commence avec de la petite pluie fine en raison de la très grande humidité et qui se dégage très tôt le matin pour faire place au soleil. J'étais avec F, ma grande fille de 14 ans à l'époque. Nous sommes arrivées le matin même de la course vers 7h. Comme je n'étais pas certaine de faire cette course, je devais arriver de bonne heure afin d'aller m'inscrire sur le site même... chose que je ne ferai plus jamais, vous comprendrez à la fin de l'histoire.

La veille, je m'étais acheté une ceinture avec bouteilles pour faire la course me disant que j'irais l'essayer dans l'après-midi question de voir si j'étais à l'aise de courir avec ce nouveau gadget. Malheureusement, je n'ai pas eu cette occasion dans la journée. J'ai donc pris la décision, à la dernière minute avant la course, de ne pas porter ma ceinture. Une des règles d'or en course à pied est de ne jamais essayer quelque chose de nouveau en course et puis de toute façon, il y avait des stations tous les 3 Km sur le parcours. Malheureusement, plusieurs coureurs ont fait comme moi et se sont inscrits le matin même de la course. Résultat : les organisateurs avaient prévu, je crois, 250 coureurs pour cet événement et nous étions plus de 500. Comme je ne suis pas particulièrement une coureuse rapide, mais plutôt tenace, il ne restait plus rien lorsque je passais devant les stations d'eau et de Gatorade.

La course avait pourtant bien débuté. J'avais réussi à ne pas trop donner lors du départ, une habitude que je devais perdre à tout prix lors des courses. Il faut comprendre que lorsque le départ est donné, c'est très difficile d'y aller à son rythme d'entraînement, tout simplement parce qu'il y a beaucoup de coureurs et que nous avons tendance à suivre les autres et à ne pas vouloir se faire dépasser. Je crois que je parle pour la grande majorité des coureurs, c'est une erreur de débutant que nous faisons tous. Ce parcours est très technique, beaucoup de montées et descentes, de tournants et de belles longues lignes droites (plus difficile pour le moral). J'avais entendu parler de la fameuse montée du Km 15... le genre de montée qui n'en finit plus de monter et j'étais un peu nerveuse à l'idée d'y arriver et de devoir y faire face. Un monsieur m'a également dit sur la ligne de départ que ce n'était pas une course pour faire un "PR" (Personal Record). On ne peut pas dire que j'étais très calme pour toutes ces raisons, mais aussi parce que c'était la première fois que je courais cette distance et que je n'avais aucune idée de ce que mon corps allait en penser.

Bref, le départ étant donné, je me suis lancée à fond. Au début, ça allait bien. Deux gentils messieurs m'ont tenu compagnie, sans le vouloir, pendant les premiers Km. Ils couraient derrière moi et je les écoutais parler de toute sorte de choses. Il y a eu aussi une fille qui courait à peu près au même rythme que moi et qui m'a tenu compagnie pendant un certain temps lors de notre passage dans une des villes le long du parcours. Par contre, mon corps m'a vite fait comprendre que quelque chose n'allait pas. Je lui demandais l'impossible... courir avec cette chaleur et cette humidité intenses sans lui donner de carburant. Disons que pour la première heure, ça allait bien, mais par la suite, il refusait obstinément d'avancer et avec raison! À un certain moment durant la course, je ne sais plus au juste à quelle distance, je ne savais pas si je pouvais terminer cette course. Tout ce que je savais est que cette fameuse montée du Km 15 n'était pas encore passée.
Vers le Km 14, soit juste avant la montée du Km 15, j'ai eu l'incroyable chance de rencontrer la personne qui allait m'aider à passer le fil d'arrivée sur mes deux pieds. Une fille qui habitait sur le parcours avait entendu qu'il ne restait plus rien à boire pour les coureurs. Elle est donc sortie avec son tuyau d'arrosage et des verres de bière en plastique pour nous en donner (je ne sais pas qui est cette fille, mais je ne la remercierai jamais assez). Mais ma chance ne s'arrête pas là. J'étais presque à sa hauteur, suivant un homme qui, en voulant prendre le verre d'eau que cet ange lui tendait, a su que c'était son dernier verre, lui a remis dans les mains. Je ne sais pas pourquoi... pourtant, cet homme n'avait pas de ceinture pour son propre carburant. Peut-être sentait-il qu'il était capable de continuer sans ce verre d'eau et qu'il préférait le laisser à quelqu'un qui en avait réellement besoin... moi! Je ne le croyais pas... et maintenant que j'avais de l'eau, un grand dilemme se présenta à moi. En entraînement, on apprend à ne pas arrêter pour boire, c'est peut-être un peu simplet, mais la technique n'est pas si facile que ça. Les verres sont en carton. La meilleure technique que j'ai trouvé jusqu'à maintenant et de pincer le pourtour du verre pour en faire un bec et ainsi boire de petites gorgées sans trop en renverser. Ce que l'ange m'a donné est un verre en plastique, donc impossible de pincer le pourtour sans le briser. Deux choix s'offraient à moi : j'arrête de courir et prend le temps de boire et de me réhydrater, mais je devais aussi trouver la force de repartir ou bien, je continue de courir et ne romps pas mon élan, mais je renverse une certaine quantité d'eau. J'ai pris la décision d'arrêter et de prendre le temps de me réhydrater... après tout, je n'étais pas aux Olympiques! Aucune médaille n'aurait été remportée pour mon pays ce jour-là!

À partir de ce moment, ça été désastreux, comme je l'avais prédit en m'arrêtant et perdant ainsi mon élan. Je ne me souviens plus combien de temps j'ai marché en tout, j'avais sérieusement perdu toute notion de temps et de distance. Je n'avais qu'une chose en tête et c'était d'arrêter... arrêter de courir, de marcher, d'être là! Lorsque je suis arrivée au Km 18, la table qui servait à déposer les verres pour les coureurs était même démontée. Ça été le coup de grâce... même les volontaires n'étaient plus sur place pour nous encourager à continuer malgré tout. Sur la dernière ligne droite, celle qui ne finissait plus de finir, il y avait beaucoup de présence policière sur moto. Combien de fois j'ai levé la main pour leur demander de m'embarquer et de me porter à la ligne d'arrivée... dans ma tête. Je ne sais pas pourquoi je ne l'ai pas fait réellement. Combien de fois je me voyais assise sur le bord du chemin à attendre que quelqu'un vienne me chercher? Je ne l'ai pas fait non plus. J'avançais et pleurais... j'étais complètement découragée, mais OH combien orgueilleuse!

Puis, plus loin sur cette ligne droite, j'ai vu à quelques mètres de moi, une fille que j'avais croisée au départ. Cette fille était venue avec sa soeur. Elles parlaient tout près de moi et à ce que j'avais compris, cette fille était une habituée des demis marathons et elle avait entraîné sa soeur qui elle, courait son tout premier demi marathon comme moi. À un moment, l'habituée a quitté sa soeur lui disant qu'elles se retrouveraient sur la ligne d'arrivée. Et elle est partie en bombe, telle une habituée! Elle était maintenant là, à quelques mètres de moi, penchée sur le bord du chemin à vomir. C'est ce qui m'a donné le dernier coup que j'avais besoin pour terminer cette course... surprenant! Je suis arrivée à sa hauteur et lui ai demandé si elle avait besoin d'aide. On a parlé un peu et elle me disait que ça ne fonctionnait juste pas, qu'elle attendait sa soeur qui était plus loin derrière.

Et là, j'ai vu le dernier tournant. Celui qui me mènerait non seulement à la ligne d'arrivée, mais à la fin de cette course! Et plus loin, la voix de l'annonceur qui était comme une poussée dans le dos toutes les fois qu'il disait un mot, que je ne comprenais pas. En faisant les derniers mètres dans un endroit ombragé par les arbres, je suis finalement sortie de cette "forêt" en voyant ma fille qui attendait que j'arrive pour faire le dernier 100 mètre avec moi. J'avais les larmes aux yeux! Je n'arrivais pas à croire que j'avais réussi à terminer cette course et à repousser ce fameux "mur", communément appelé "the marathon wall".

C'est à ce jour, la course dont je suis le plus fière. Je ne dis jamais le temps que j'ai pris pour faire cette course, à moins de la détailler, alors voilà : 2:17:36. Pas si pire pour une course avec 1 verre d'eau et beaucoup de marche!

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