mardi 22 novembre 2011

Histoire de Vauriens

Vendredi soir, je suis sortie courir après 2 semaines d’arrêt dû à une douleur ressentie au 5e métatarsien (encore une fois, vive les cours d’anatomie du mercredi soir!). Comme je ne ressentais plus rien en marchant et que mon coach de l’an dernier m’a appris que c’est à ce moment-là qu’on peut essayer de nouveau, j’ai mis ma tuque, mes gants, le harnais de Lewis et sa laisse et nous sommes sortis par une fin de soirée frisquette. Ma course s’est bien déroulée, pas de douleur ressentie au pied… mais était-ce l’adrénaline de ce qui allait suivre?

Je suis sortie de chez moi en une marche rapide, question de bien réchauffer mes membres inférieurs (à noter ici aussi, le résultat des cours en massothérapie, car ma jambe n'est plus une jambe, mais bien un membre inférieur). J'étais tellement excitée d'aller courir, enfin!!! Ça faisait 2 semaines, jour pour jour, que j'attendais ça. Les fourmis qui me démangeaient depuis 2 semaines étaient prêtes à donner leur 100%! En tournant le coin de la rue, je me suis élancée. Je me forçais pour ne pas aller trop vite parce que je ne voulais surtout pas que la douleur revienne, si minime soit-elle. J'ai fait quelques pas. Tout allait bien. Je me sentais revivre. Il faisait froid, mais dans tout mon corps, c’était chaleur. Une chaleur passionnelle qui revient après une longue absence (ok, 2 semaines, c’est pas beaucoup et je suis au courant que bien des coureurs n’ont pas cette chance de pouvoir revenir en comptant en semaines ou même en jours, mais c’est quand même long quand on ne PEUT pas!).

Et voilà que, plus loin sur le trottoir, j'aperçus une bande de jeunes garçons qui venaient dans ma direction. J'ai arrêté de courir afin de garder le plus de contrôle possible sur Lewis, qui lui, était carrément aux anges de pouvoir courir de nouveau avec sa maîtresse.

Et les insultes qui commencent. Des insultes que je ne pourrais même pas répéter tellement elles étaient crues. C'est incroyable d’avoir 39 ans et se faire dire des choses aussi grossières, vulgaires et sauvages par des p'tits vauriens de 13 ans (vous apprendrez plus tard comment j'en suis venue à connaitre leur âge). Évidemment, je ne pouvais laisser passer ça sans dire un mot… un tout petit mot. Ça été plus fort que moi. Et évidemment, s’ensuivit des rires encore plus niais et des insultes encore plus grotesques. Ok, j’aurais peut-être pas dû parler, j’aurais peut-être pas dû répliquer, mais comme je disais, je ne me suis pas rendue à 39 ans pour me faire insulter par une gang de vauriens qui ne savent pas quoi faire de leur vendredi soir et qui trouvent comme seule activité d'insulter les gens qu'ils croisent sur leur chemin. Ça m'enrage... et je le dis!

Et de reprendre ma lancée de course, et mon petit bonheur de pouvoir enfin recommencer à courir. Je n’avais pas l’intention de courir longtemps. Juste le temps de faire le tour du bloc en alternance entre la marche et la course.

Pour revenir, je me suis dit que les p’tits vauriens devaient aller en direction du dépanneur. Habituellement, quand je fais le tour du bloc, je reviens par là, mais je me disais ce soir là que j'étais pas obligée de mettre de l’huile sur le feu, surtout que mon cœur était tellement léger de pouvoir se donner un peu plus que les derniers jours. J’avais tout faux. Il se trouve qu’un des vauriens habite sur le coin où nous nous sommes croisés (mais ça, je ne le saurai que dans quelques minutes) et qu’ils m’attendaient de pieds fermes. Ils s’étaient cachés derrière la haie de cèdres et quand je suis passée de l’autre côté de la rue, ils sont tous sortis en criant « à l’attaque!!! ». Bon, la belle affaire. Une chance que je ne suis pas peureuse de nature parce que j’en aurais eu pour mon argent ce soir-là. J'ai fait comme s'ils n'étaient pas là. Alors ils ont eu la brillante idée de pousser un peu plus la vulgarité de leurs insultes. Déjà que les premières étaient quand même assez crues… Arrivée au coin de la rue, comme les insultes fusaient et, je l’avoue, mon caractère se pointait le bout du nez, j’ai embarqué dans leur jeu (je sais, je sais… j’aurais pas dû, mais c’était plus fort que moi…). Je leur ai alors suggéré de venir me dire toutes ces belles choses dans ma face. Un des vauriens, que je nommerai ici Vaurien #1, décide qu’il sera l’heureux élu pour m'affronter. Il ne sait pas dans quoi il s'embarque, mais je soupçonne qu'il le ressent parce qu'il s'arrête à mi-chemin. Ce qui me donne l'occasion de lui annoncer qu'il n'a pas de couilles, et je continue mon chemin. Et les revoilà repartis de plus belle. Je ne sais pas pourquoi j’ai pensé que j’aurais réglé le problème d’ailleurs… c’était sous estimer la nullité des vauriens en général.

Rendue de l’autre côté de la rue, mon pouls en accéléré, non pas à cause de la course, mais bien à force de se faire traiter de tous les noms et se faire dire dans quelle position je devrais être, en une fraction de seconde, je me retrouve dans leurs faces, de l’autre côté de la rue. C’en était trop pour la caractérielle que je suis. Et c’est drôle parce que depuis que je suis dans leurs faces, les insultes ont arrêté. J'ai devant moi que des faces niaises avec un sourire jusqu'aux oreilles, bouche cousue. Entre-temps, il y a un vaurien, que j'appellerai affectueusement Vaurien #2, qui se pointe. Tiens, il était parti où lui? Je fais 1 + 1 dans ma tête et conclu qu'il doit être celui qui habite la maison, hôtesse de la haie de cèdres. Et je demande, innocemment… enfin le plus innocemment possible dans ces circonstances, qui habite là. Les 2 vauriens de couleur noire, surnommés Vaurien #3 et Vaurien #4, pointent Vaurien #2. Et moi de le regarder avec un grand sourire en lui annonçant que ses parents auront une petite visite. Sur le coup, mon caractère me disait d’y aller tout de suite, de ne pas laisser trainer cette histoire, mais mon sens logique m'y a défendu. Je ne voulais pas me retrouver sur le perron, parents absents et faire face aux Vauriens. Même si j'étais avec Lewis qui, bien heureux de se faire de nouveaux amis, j'ai décidé de ne pas courir après une malchance quelconque et de rester bien sagement sur le trottoir, à la vue de tout le monde. Je suis une caractérielle intelligente quand même!

Après m’être assurée que mes Vauriens n’avaient plus rien à me dire, je me suis retournée pour prendre la direction de la maison. Ce faisant, le 5e vaurien (mais comment ai-je pu en oublier 2?!) sort de la maison en face de celle de Vaurien #2. Vous aurez deviné qu'il se nomme Vaurien #5. J’ai eu le temps de lui dire que ses parents auraient également une petite visite. Évidemment, les insultes ont recommencé de plus belle… tu es vaurien ou tu l’es pas, faut que t’assumes ce que tu es dans la vie et eux l’ont définitivement compris. Mais au moins, j’avais eu l'occasion d'aller me vider un peu. Je sais, c'était pas très raisonnable d’embarquer dans leur jeu, mais je ne me suis pas rendue là dans ma vie pour accepter ça sans rien dire. Comme j'ai déjà dit, si j'étais au front, je mourrais probablement, mais au moins, je serais fière!

En rentrant à la maison, j’ai raconté toute cette histoire à F en lui demandant si elle connaissait les vauriens qui habitaient là. Elle ne connaissait pas. Nous sommes donc parties, elle et moi, en auto afin qu'elle puisse les identifier. C'est sûr qu'au moins un de ces vauriens va à la même école qu’elle. Malheureusement, nous ne les avons pas retrouvés. Mais je me suis bien promis que j’irais cogner aux portes aussitôt que j’en aurais l’occasion et surtout, quand je serai certaine que les parents seront là. Je suis passée à 2 doigts d'appeler la police, mais me suis ravisée.

Le lundi suivant, donc hier, je me lève à 5h15 comme tous les matins et il y a une note devant l’ordinateur. L’écriture de F qui m’annonce qu’elle a trouvé tous mes vauriens, avec la liste des 5 noms!!!! Elle a cherché jusqu’à ce qu’elle retrouve ces petites pestes. Ça lui a pris 3 jours. Il s’adonne qu’elle connait un de mes vauriens (Vaurien #3 ou #4, c'est selon). Il a 13 ans (QUOI?!) et va à la même école que F. Elle lui a annoncé que la femme, j'ai bien dit FEMME et non fille (de leur âge) avec le boxer blanc qu'ils avaient insultée était sa mère. J'aurais bien aimé lui voir la face. Merci F... vraiment, je savais que tu m'étais précieuse, mais là, tu m'étonnes!

Maintenant, handsome devrait revenir d’ici la fin du mois. Je pense l’attendre pour aller cogner aux portes. Si j’y vais seule, j’ai peur que mon caractère empêche le message de se rendre... parce que je veux faire passer un message. C'est comme ça que les gang de rues émergent. C'est comme ça que les femmes ne veulent plus sortir le soir seules. Même moi... non pas par peur, mais si j'ai le choix entre rester chez moi bien tranquille ou bien aller prendre une marche et risquer de me faire insulter de la sorte, bien le choix est assez facile à faire. C'est comme ça que la violence apparaît. C'est comme ça que les jeunes pensent qu'ils peuvent tout faire, tant qu'ils ne se font pas prendre ou tant qu’ils n’ont pas de conséquences. Est-ce que je veux laisser passer cette histoire sans rien dire? Non! Il doit y avoir une suite, mais une suite constructive. Je ne veux pas aller leur taper sur la tête et je ne veux pas que les conséquences qu'ils recevront de leurs parents (je l'espère) dépassent leurs agissements. Mais il doit y avoir une suite, c’est nécessaire.

Soyez prudents, coureurs, non-coureurs. On ne sait jamais… et non, la douleur n’est pas revenue, même sans l’adrénaline!

RG

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